Les bras croisés sur la table, la tête enfoncée dedans, je soupire en entendant le prof déblatérer sur son cours inutile, fatiguant et franchement chiant. Ne se rendait-il pas compte qu’il possédait une voix soporifique ce couillon ?! Il devrait pourtant, car la moitié des élèves rêvassent. Humf, pour une fois, on ne pourra pas dire que je suis le seul à ne pas écouter en classe. Il est furieux, en ce moment-même, il nous déteste. Je me redresse, posant mon coude sur la table et mon menton, sur mon poing fermé « Si on est des sales gosses débiles et qui n’arriveront jamais à rien dans leur vie, comme vous le pensé, pourquoi restez-vous ici ? Allez-y, partez, la porte est ouverte. » M’appuyant par la suite sur le dossier de ma chaise, croisant les bras sur mon torse, sourire aux lèvres, je le défiais du regard. Tous les élèves s’agitaient, murmurant entre eux, lançant des regards furtifs au prof et pour cause : tout le monde savaient que j’avais le don de lire dans les pensés alors, les élèves, en tout cas pour la plupart, me croyaient. Et cette fois-ci, je pouvais rire de leur naïveté autant que du regard furibond du vieux monsieur –qui sert à rien- devant le tableau car, évidemment, ce que j’avais prétendu entendre, était faux, totalement faux. Le prof réussis à remettre de l’ordre dans son cours et je fus envoyé dans le bureau de notre bien aimé directeur, mais il décida, après un interrogatoire de plus de trente minutes, de me  réexpédier dans mon cours suivant –la poisse.

Pour être tout à fait franc, j’aurais préféré rester dans le bureau du dirlo plutôt que d’assister à ce cours qui ne ressemblait pas à un cours avec ce prof qui ressemblait pas à un prof. Ricanant, il me faisait davantage penser à un collégien effrayé devant son public, bégayant et transpirant, cherchant ses mots et tenter désespérément de rester crédible. C’était raté. Il me reprocha une quinzaine de fois de déranger mon voisin de derrière alors que c’était n’importe quoi, si je gonflais mon ami de la table voisine, il ne manquerait pas de me le faire remarquer lui-même et pour appuyer mes dires, je me retournais vers mon pote « Je te fais chier quand je te parle ? » et il me répondit avec un grand sourire « bah, bien sur que non. ». Me retournant vers le monsieur qui me regardait méchamment, lui faisant un sourire provocateur, me prenant comme punition une bonne centaine de ligne à copier : je ne me montre pas insolent devant l’un de mes professeur. Tch. Saleté de prof qui sert à rien.

La journée passa et à toutes heures, les profs se plaignaient de mon comportement, trop rebelle soi-disant. Navré les vieux mais j’ai pas envie d’être sage, je haie cette école ! La dernière heure arriva bien vite, à mon grand soulagement, le cours de Chin Ho, Kwon Chin Ho. Celui-ci était vraiment différent, il m’aimait bien et tenté comme il le pouvait de s’occuper de moi et de me remettre dans le droit chemin, malgré mes caprices pour rester tel que je suis, un sale gosse. Nos regards se croisent, il a l’air crevé, mais plus encore, fatiguais de tout ce qu’il a entendu sur moi tout au long de cette journée éreintante. Mon esprit s’immisce dans le sien, il me voit comme un enfant, un bébé, un « joues à bisous ». Tch. Ridicule, c’est ridicule. Ne lui prêtant plus mon attention, m’asseyant à ma place, le cours commence. Étrangement, je suis à l’écoute de ses paroles et ne bronche pas de toute l’heure, faisant même les exercices demandés, mais Chin est différent alors bosser pendant ses heures ne me dérange pas le moins du monde. Le cri strident de la sonnerie annonce la fin du cours, il s’approche de moi et je grogne lorsqu’il passe sa main dans mes cheveux, n’aimant pas qu’il fasse cela devant tout le monde. Mes cahiers rangés, j’attends que les élèves sortent pour m’approcher de lui, m’asseyant par le suite sur un chaise devant son bureau, croisant les bras et détournant les yeux, passablement énervé et fatiguais « c’est pour me faire la morale, c’est ça ? ».