La classe 1A, c’est la meilleure des classes. On passe nos journées à nous amuser, on travaille un peu sur notre Alice et quand les petits font la sieste, la maîtresse nous laisse faire ce que l’on veut dans une pièce adjacente. Je profite de ce moment pour m’avancer dans mes livres. Je n’ai jamais le temps de lire plus de deux pages, car quelqu’un vient toujours me chercher pour jouer avec lui. Aujourd’hui, on joue avec des automobiles et des camions. Je me précipite sur le camion de pompier et celui de police. Je les installe en dessous d’une table et elle sert de poste de police et de caserne. Mon camarade de classe, lui, prend toute sorte de camions de construction et deux autres enfants prennent des voitures normales. On commence donc à inventer des accidents entre les voitures, entre les voitures et la construction et je suis toujours là pour intervenir. On joue même nos rôles, je m’amuse à prendre des dépositions, à faire de la médiation entre les conducteurs et je passe même les menottes parfois.

La sieste finit, on retourne dans la salle principale pour continuer de jouer. Une fois la journée finit, les plus vieux sont de corvées pour nettoyer la salle et ramasser les jouets. Je ne fais pas partie des plus vieux, mais j'ai demandé à ce que mon nom soit avec eux. Je ne suis plus un bébé après tout et je peux aider. Pendant que deux garçons vont chercher le sceau d'eau et le matériel de nettoyage, j'aide une fille à remonter les chaises sur nos tables. On nettoie les brosses, le tableau et on époussette un peu. Mon activité préférée dans le nettoyage, c'est le plancher. À l'aide des vadrouilles, on frotte le plancher avec de l'eau et du savon et ensuite, on retourne chercher de l'eau pour asperger le plancher. C'est à ce moment-là que j'entre en jeu et habituellement ceux qui sont de corvée avec moi sont bien contents.

Je m’installe face à la classe et je me concentre en tendant les mains vers l’avant. Des gouttelettes commencent à s’élever et à se rassembler pour former une immense boule d’eau qui avance tranquillement vers nous. Un des garçons attrape le sceau et s’approche pour le mettre en dessous. Je baisse les bras et l’eau tombe dedans. Le plaisir de contrôler l’eau!

Je me propose pour aller vider le sceau à l’extérieur. Je l’attrape à deux mains et j’avance à petits pas vers l’escalier. J’allais pour descendre la première marche quand je m’enfarge dans le sceau devant moi et je déboule le premier pallier d’escalier.

«IIIIIITAAAAAAIIIIIII!!!»

Je me mis en position assise en frottant ma tête et je regarde l’eau s’éparpiller autour de moi. Je jette un regard à l’eau et elle dévie de sa course pour me contourner. Ouf.. je suis au sec, mais incapable de me relever…

«HELPPPPPPPP!!!! Il y a quelqu’un???»

"Tu sais que l'utilisation de ton Alice peut te valoir une punition, mini Posséidon."

Mini Poséidon… je regardais le professeur qui venait d’arriver devant moi avec étonnement. C’était la première fois que j’attendais ce nom. Est-ce que c’était gentil ou méchant comme surnom? De toute façon, je n’avais pas vraiment à rétorquer sinon je risquais de me retrouver avec une nouvelle punition. Je sais que je n’ai pas le droit d’utiliser mon Alice contre quelqu’un, mais là, c’était pour m’éviter que mon fond de pantalon soit complètement mouillé par l’eau qui nous entourait.

«Mais Monsieur… je ne voulais rien faire de mal… je voulais seulement éviter de salir mon costume d’école pour demain…»

Mes mains se posèrent sur les épaules du professeur pour me retenir le temps qui me soulevait de terre et l’eau prit un vilain plaisir à venir prendre possession du plancher encore sec. Une défaillance de ma concentration lors du moment de l’élévation probablement. Professeur Im me déposa à côté de la flasque et s'accroupit en face de moi. Un vrai pédagogue, après tout si vous voulez qu’un enfant de mon âge vous écoute réellement, le meilleur moyen est de vous mettre à sa hauteur.

« Mini Poséidon, ça faisait longtemps que je t'avais pas vue. Comment vas-tu ?"

Je haussais les épaules. À mon âge, nous n’avons pas encore énormément la notion du temps. Je devais donc me fier à ma mémoire. Si je me souvenais du souvenir de la rencontre, cela ne faisait pas si longtemps et si je ne me souvenais du dernier moment qu’on s’était vu, alors cela faisait longtemps.

«Hum… Je vais bien! Et vous ?»

Dis-je en passant à côté du professeur de mathématiques pour aller chercher le sceau d’eau qui avait roulé un peu plus loin. Je le pris par la poignée et je l’approchais de la flaque que j’avais faite. Je pouvais bien utiliser mon Alice de nouveau puisque je ne mettais pas fait chicaner quelques minutes plus tôt. Je fermais les yeux pour me concentrer et je tendis les mains devant moi pour ramasser mon dégât. Ce dernier s’éleva à quelques centimètres du sol pour faire une boule et elle entra par elle-même dans le récipient. J’ouvris les yeux et poussai un soupir de soulagement.

«Ne… Professeur Im, est-ce que vous pourriez m’aider à transporter le sceau en bas des escaliers s’il vous plaît?»

Je n’avais pas vraiment envie de dégringoler de nouveau dans les escaliers. J’attendais la réponse de l’adulte en lui faisant de grands yeux tels que le chat botté.